Un échange convivial autour de l’essai Les reconnaissances de Daniel Canty, écrivain, scénariste, artiste, traducteur littéraire et réalisateur canadien, a eu lieu en direct sur la page Facebook de Rhizome le mercredi 20 janvier 2021, de 10h30 à midi. Il a été animé par Simon Dumas, directeur général de Rhizome, et Mériol Lehmann, artiste et consultant. #delavirtualite
L’essai et l’échange s’inscrivent dans la série de la virtualité – chantiers sur la littérature (québécoise) numérique de la Communauté de pratique sur la place et la posture de la littérature québécoise en ligne dont Rhizome est l’instigateur.
Les reconnaissances (extrait)
« J’aime prendre les mots, et les êtres, au mot
Reconnaissance recouvre un spectre de significations, qui est aussi pour moi un spectre émotif. On m’a demandé, pour des raisons qui ont tout à voir avec mon curieux parcours — mes débuts d’écrivain, à la fin du 20e siècle, ont été marqués par la déferlante initiale du Web —, de réfléchir ce thème à la lumière de la mouvance numérique.
Reconnaissance numérique : je ne peux m’empêcher, en me mettant à l’écoute de ce binôme, d’entendre un écho de la reconnaissance des formes : ces chimères d’ingénierie qui ont doté nos ordinateurs d’un regard, d’une voix et d’une ouïe, aussi rudimentaires soient-ils. Pour les fervents de la computation universelle et les prophètes de la Singularité, ces ébauches de sensorialité constitueraient les signes avant-coureurs d’une véritable intelligence artificielle : True AI, pour les intimes. En français – pour l’instant du moins — on dit « IA forte », expression qui me semble bien plus faiblarde que la traduction littérale du sentiment anglophone, « IA vraie ». Avec la True AI/IA vraie, donc, nos machines transcenderaient le stade du miroir, pour accéder à une nouvelle forme d’ipséité. Elles deviendraient, selon des modalités qui leur sont propres, des entités pensantes, ressentantes et, pourquoi pas, écrivantes. »
Daniel Canty
Daniel Canty est écrivain, etc. Il élabore, depuis la fin du 20e siècle, une œuvre où l’écriture se prête à toutes les métamorphoses : scénarisation et réalisation, dramaturgie, création de livres, d’interfaces, d’installations, d’expositions, ou de parcours performés. Sa prose poétique, où la curiosité se conjugue à une tendresse mâtinée d’humour, sonde le sentiment du temps. Son dernier livre, La société des grands fonds, une exploration des rapports flottants entre la littérature, l’eau et la mémoire, a été finaliste au Grand Prix du livre de Montréal et aux Prix du Gouverneur général. Il vient de mettre en ligne lasommedespasperdus.com. danielcanty.com